dimanche 12 juin 2011

Le DraugrSteinn du Bleu-Noir, suite



Au loin
La ville, ses tours blanches aux contours impossibles, érigées “à la naissance des mondes” par les fondateurs d'Ysgard. Les fondateurs d'une première ville sont convaincus, toujours, d'être à l'origine du monde.

A sa droite,
Le Bleu-Noir, la colline la plus haute de la plaine face à la capitale, le seul endroit que personne n'approche, pas même les étrangers, et dont la pierre dressée du sommet semble garder la plaine comme un sombre guerrier.

Lui-même
Arrive sur un cheval nerveux de type nordique, trapu, robuste, haut comme un grand poney. Il a pris la route principale, celle qui longue Tveírdtadr, son pays, pour rejoindre la ville.

Il est
Plutôt grand et fort, comme ceux de sa famille qui ont survécus. Il a noué ses cheveux blonds, un peu filasses, par un cordon contre sa nuque ; des mèches désordonnées tombent sur ses joues, où courent les longs poils jaunes d'une barbe qui a du mal à prendre. Ses yeux bleus, bleu de glace, s'accrochent aux herbes sombres de la plaine et se perdent dans les nuages.

C'est Jol.
Il devrait faire blanc, neiger un peu à tout le moins. Des cristaux de givre crissent sous les sabots de son cheval. Il fait sombre en ces temps aspirés par le jour le plus court.

Il va faire escale, passer la nuit à Ys, la capitale, avant de reprendre sa route vers Tirgevell. Il longera la forêt, seul sur la grande route, ou protégé par chance par une caravane ; passera par le col, , par le chemin de pierre, puis dévalera à skis la pente de la montagne, laissant son cheval au village jusqu'à son retour.

Il a
Deux paires de skis avec lui, qu'il va offrir à ses hôtes, comme promis. Le vieil artisan de son pays de Tveírdtadr est réputé pour son travail, et cela faisait longtemps que le maître de Tirgevell en entendait parler. Vánhel lui offrira sa paire de skis puis s'absentera avec sa femme, puisque c'est la raison qui le fait voyager. Il a laissé sa propre épouse chez lui, sur le point d'accoucher ; il n'a pas le coeur d'assister à de nouveaux décès. Qui sait, peut-être qu'en revenant il aura encore un fils, ou qu'il devra se remarier.

Il resserre d'une main contre lui le cuir de son manteau en poils de chèvre, poils qui dépassent sur les côtés. Il émet un soupir qui s'étire en brume blanche avant de s'envoler. Maintenant qu'il est près de la ville il voit mieux les gens s'affairer dans l'air clair et tranchant du froid. Près des murailles, une bête flaire les déchets, un loup qui soudain lève la tête, le regarde, disparaît, vascillant dans la brume comme une bougie qu'on souffle.

Vánhel est fatigué et son regard lui joue des tours, alors il n'est pas très impressionné. Et même si ce qu'il a vu est vrai, ce ne serait pas le premier fantôme dont Ys peut parler.

Au loin,
Sur la colline bleu-verte du Bleu-Noir, la silhouette presque invisible de la jeune fille à la lyre, une main sur la pierre, l'autre sous l'instrument, fixe des yeux la ville, immobile, en chantant.

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